Syndicat des Pharmaciens du Haut-Rhin
Science et Conscience - Unité de Doctrine et Discipline.
Les Comptes de la Santé présentés par le ministère de la Santé (DREES*) fournissent chaque année une analyse détaillée de la consommation des soins de santé en France. En septembre 2017, la FSPF avait contesté la méthodologie utilisée dans le rapport annuel de la DREES qui se traduisait par une majoration injustifiée de la consommation de médicaments non remboursables.
Pour son édition 2018, la DRESS a rectifié dix années d’historique, ce qui confirme l’analyse de la FSPF. La consommation de médicaments non remboursables a été corrigée à 2,806 milliards d’euros pour 2016 (contre 4,069 milliards d’euros sans correction), soit un recul de plus de 30 %.
Au-delà des chiffres bruts, ces « corrections » mettent à mal de nombreuses idées reçues :
La baisse de 12 % de ces médicaments en 10 ans montre bien que le pharmacien d’officine, professionnel de santé indépendant et responsable, n’incite pas à la consommation par des pratiques commerciales agressives.
Ces résultats corrigés viennent donc contredire les arguments de ceux qui militent, à grand renfort publicitaire, pour une dérégulation du marché des médicaments non remboursables.
Lettre ouverte à Madame Agnès Buzyn,
ministre des Solidarités et de la Santé
SERGE BAKCHINE Professeur de Neurologie, CMRR Champagne-Ardenne.
Madame la Ministre,
C’est en tant que médecins spécialistes des maladies
neuro-dégénératives, notamment des maladies d’Alzheimer, de Parkinson et
maladies apparentées (comme la maladie à corps de Lewy), que nous vous
écrivons afin de vous exprimer notre désarroi devant votre décision de
procéder au déremboursement des médicaments symptomatiques de la maladie
d’Alzheimer. Nous sommes en premier lieu choqués par l’argumentaire
biaisé qui a conduit à cette décision. Notre communauté a toujours eu
conscience d’une efficacité limitée, quoique significative, de ces
médicaments, notion que nous nous sommes toujours fait un devoir de
communiquer aux personnes malades et à leurs familles. Il faut rappeler
toutefois que cette efficacité a été démontrée par des études
rigoureuses qui ont été validées selon les règles scientifiques en
vigueur par les agences régulatrices. Partout par le monde, les
spécialistes ont intégré ces traitements à leur pratique et les
considèrent comme sûrs et pertinents, en association à un ensemble de
mesures thérapeutiques non médicamenteuses. Ce contexte rend
incompréhensible l’allégation d’une nocivité et d’une dangerosité telles
que le rapport bénéfice risque ne pourrait plus être considéré comme
favorable. C’est pourtant l’argument que vous avez développé dans divers
médias à forte audience. Affirmer que des médicaments prescrits depuis
20 ans à bon escient à des centaines de milliers de personnes malades
sont dangereux devrait être fondé sur des preuves. Or, ni la littérature
scientifique, ni les signaux de pharmacovigilance européenne
n’apportent de preuve convergente de cette hypothétique dangerosité,
lorsque ces médicaments sont utilisés dans le respect des
contre-indications.
Nous avons été surpris et choqués par vos
propos, car si ces médicaments étaient réellement reconnus comme «
nocifs et dangereux », ou si vous disposez à ce sujet d’informations
précises inconnues des professionnels et des patients, ce n’est pas un
simple déremboursement qu’il convenait de mettre en œuvre, mais une
procédure de retrait du marché. Dans tous les cas, des propos alarmistes
tenus par une autorité telle que la vôtre sont de nature à susciter une
inquiétude infondée auprès des patients et leurs familles,
Nous
sommes aussi extrêmement surpris des propos tenus par des collègues qui
ont eu à juger de ce dossier au sein de la Commission de Transparence.
L’un d’entre eux vient de publier un ouvrage suggérant que la maladie
d’Alzheimer ne serait pas une maladie, mais une « construction sociale
». Les propos d’un autre étaient que « Ces médicaments sont bien sûr
inefficaces. Ils ont sûrement tué plus de patients qu’ils n’ont jamais
aidé la mémoire d’autres ». De telles postures génèrent légitimement de
très importantes réserves concernant l’impartialité de ces experts et
les conditions dans lesquelles ce dossier a été instruit par la HAS en
2016. Il convient de rappeler que tous les traitements que vous avez
déremboursés sont disponibles sous forme de génériques et que l’intérêt
de l’industrie pharmaceutique est désormais tourné vers le développement
de nouveaux médicaments à potentiel curatif pour la maladie. Notre
action vise simplement à maintenir un des maillons thérapeutiques
disponibles pour le bénéfice de nos concitoyens atteints de la maladie
d’Alzheimer et de certaines maladies apparentées, alors qu’il n’existe
actuellement pas d’autres médicaments disposant de l’Autorisation de
Mise sur le Marché.
Nous sommes également inquiets des répercussions
que cette décision va avoir sur l’adhésion des personnes malades et de
leurs familles au parcours de soins, et surtout sur sa précocité. Selon
votre communication, la mise en œuvre du déremboursement aurait été
retardée jusqu’à la publication par la HAS en mai 2018 d’un Guide
Parcours de Soins, modèle d’une prise en charge idéale. Ce guide ne fait
que rassembler une série de mesures que les Centres Mémoire et leurs
équipes ont élaborés et appliquent depuis des années. Il n’apportera
donc aucune solution nouvelle qui permettrait de compenser le retrait
des médicaments.
Vous affirmez que le déremboursement n’est pas
justifié par un intérêt budgétaire et que l’argent dégagé par le recul
des prescriptions contribuera à améliorer le sort des personnes malades.
Nous pensons au contraire que votre décision va alourdir les dépenses
directes des patients déjà non couvertes par la solidarité nationale.
Ces dépenses sont directement proportionnelles à la sévérité de la
maladie et peuvent atteindre plusieurs centaines voire milliers d’euros
par mois et par patient. Le retrait de traitements qui contribuaient à
les minimiser aura un impact négatif, sans compter la charge
supplémentaire du coût des traitements pour ceux qui décideraient de les
poursuivre. Ces risques seront évidemment accrus pour nos concitoyens
les plus démunis, ce qui n’est pas admissible. Comme vous savez, le
National Institute for Health and Care Excellence (NICE), équivalent de
la HAS au Royaume Uni, qui a la réputation d’une rigueur extrême dans la
gestion de l’argent public, a conclu après avoir mené plusieurs études
indépendantes des laboratoires qu’il existe un rapport coût/bénéfice en
faveur des médicaments concernés, affirmation renouvelée en mai 2016.
Enfin, nous souhaitons attirer votre attention sur une retombée très
préoccupante de votre décision: il sera plus difficile, voire impossible
d’inclure des patients français dans des études internationales de
médicaments novateurs (curateurs ou symptomatiques) de la maladie
d’Alzheimer. Il est en effet souvent exigé que les patients participants
reçoivent de façon régulière l’un des médicaments reconnus au plan
international comme traitement de référence de la maladie, c’est à dire
précisément ceux que vous venez de dérembourser. Outre la perte de
chance pour nos patients de recevoir précocement un traitement pouvant
être plus efficace, c’est la recherche thérapeutique qui sera mise en
péril dans notre pays,
Cette décision singulière du gouvernement
français commence à faire l’objet d’un questionnement au niveau européen
et même international, comme celui de l’Alzheimer Disease
International, qui s’inquiète de la décision de la France de ne pas
respecter un accès juste et équitable aux traitements anti-démentiels.
Madame la Ministre, depuis un an et demi, plusieurs groupements
professionnels et sociétés savantes ont réclamé l’annulation de la
procédure de révision des traitements symptomatiques de la Maladie
d’Alzheimer réalisée par la HAS en 2016 et avancée pour justifier votre
décision, du fait de la partialité de l’instruction et des débats.
Nous vous demandons donc solennellement et publiquement de revenir sur
cette décision qui dessert la prise en soins actuelle et future des
malades en étant susceptible d’altérer la confiance que portent les
patients, leurs familles et les professionnels dans les processus de
décision en matière de santé.
Veuillez croire, Madame la Ministre, en notre respectueuse considération.
Article publié dans Le Figaro du 18 juin 2018
Il y a des sujets qui font vendre des magazines, celui de la pharmacie d’officine en est sans aucun doute un, si l’on en croit la succession des enquêtes anonymes et des caméras cachées.
La FSPF, premier syndicat des pharmaciens d’officine, s’insurge contre le traitement à charge dont les pharmaciens sont la cible récurrente. L’enquête menée par l’UFC-Que Choisir (n°568 d’avril 2018) avait pour but de tester « les conseils pratiques donnés à propos de médicaments en vente libre : le Doliprane et l’Actifed rhume ».
Si cette enquête révèle que 86 % des professionnels en pharmacie ont spontanément mis en garde les « enquêteurs » sur la dangerosité d’associer ces deux médicaments contenant du paracétamol, le magazine préfère se concentrer sur les 14 % qui n’ont pas fait correctement leur travail. Si cette absence de conseil est inacceptable de la part d’un professionnel de santé, il est tout aussi inacceptable de jeter l’opprobre sur l’ensemble d’une profession alors même que la très grande majorité d’entre elle a fait preuve de professionnalisme.
Contrairement aux affirmations de l’UFC-Que Choisir, la FSPF rappelle que la posologie du paracétamol n’est pas « au maximum de 3 g par jour (24h) avec un délai de 6 à 8 heures entre deux prises ». La simple consultation du résumé des caractéristiques du produit (RCP) auprès de l’ANSM* confirme que la posologie unitaire usuelle du paracétamol « est de un comprimé à 1000 mg par prise, à renouveler au bout de 6 à 8 heures. En cas de besoin, la prise peut être répétée au bout de 4 heures minimum. Il n’est généralement pas nécessaire de dépasser 3 g de paracétamol par jour, soit 3 comprimés par jour. Cependant, en cas de douleurs plus intenses, la posologie maximale peut être augmentée jusqu’à 4 g par jour, soit 4 comprimés par jour. Toujours respecter un intervalle de 4 heures entre les prises ».
Un travail journalistique de qualité aurait permis d’éviter les conclusions erronées imposant l’avis d’un médecin pour augmenter la posologie à 4 g par jour dans certaine situation. Ces approximations discréditent les résultats de cette enquête.
L’UFC-Que Choisir conclut son article par plusieurs préconisations, notamment « l’élargissement de la distribution des médicaments sans ordonnance aux parapharmacies et à des espaces dédiés dans les grandes surfaces, sous la surveillance d’un pharmacien diplômé. Cette mesure permettrait (…) jusqu’à 250 millions d’euros d’économies pour les consommateurs (…). »
La FSPF rappelle à UFC-Que Choisir que plusieurs exemples européens contredisent cette préconisation. Une étude autrichienne publiée en décembre 2017 analyse l’impact économique de la dérégulation de l’OTC dans les pays où la vente de ces médicaments a été libéralisée. Il s’avère que, contrairement aux affirmations d’UFC-Que Choisir, s’agissant :
A propos spécifiquement du paracétamol, la Suède a suspendu en 2015 sa vente en grandes surfaces après avoir constaté une augmentation de 40 % en quatre ans des cas d’intoxications liés à une trop grande consommation de ce médicament.
Malgré ces campagnes de déstabilisation récurrentes, les 22 000 officines françaises et leurs 120 000 salariés continueront à se mobiliser 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 afin d’assurer un acte pharmaceutique de qualité au plus près des patients.
Confraternellement,
Philippe GAERTNER
Président de la FSPF
* Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé suite...
Comme tout le monde, vous voulez absolument éviter la gastro-entérite... surtout à l'approche des fêtes ? Pas de panique. Voici la marche à suivre avec le Dr Jean-Christophe Godart, gastro-entérologue et Julien Saillot, docteur en pharmacie.
SOMMAIRE
Se laver les mains est primordial
Savez-vous à quoi correspond la gastro-entérite ? Il s'agit d'un virus manu-porté, c'est-à-dire transmis par contact et plus particulièrement par le toucher. Il faut veiller à bien se laver les mains pour éliminer la possibilité d'une contamination ou encore utiliser un gel hydro-alcoolique (très utile à conserver dans son sac).
Pour le docteur Godart, gastro-entérologue, "le mieux c'est de se laver les mains tous les soirs en rentrant, cela doit devenir un réflexe." Dans la journée, il faut aussi se laver les mains en sortant des toilettes, avant de manger ou encore après avoir serré la main de quelqu'un. On utilise du savon, on rince correctement et on sèche suffisamment, idéalement avec une serviette jetable. Si on ne peut se laver les mains à l'eau, on peut utiliser un gel hydro-alcoolique "tout aussi efficace" explique Julien Saillot, pharmacien.
Ne pas se toucher le visage : Sans s'en rendre compte, on se touche le visage plusieurs fois par jour. Or, en faisant cela, on dépose le virus sur notre bouche ou nos yeux et on se contamine. Quelques jours plus tard, les symptômes de la gastro-entérite se déclarent.
Pour éviter la gastro-entérite, gare aux contaminations extérieures ! En clair, à votre collègue de bureau qui sans le savoir porte le virus de la gastro-entérite et vous emprunte votre stylo. Comme "c'est un virus qui n'est pas transmis par la gouttelette mais manu-porté inutile de porter un masque" souligne Dr Godart pour rassurer les personnes inquiètent qui commandent des masques à l'arrivée d'une épidémie de gastro-entérite. En revanche ils sont utiles en cas d'épidémie de grippe. Pour le Dr Saillot il faut également “faire attention à tout ce qui a pu être manipulé par des mains contaminées, poignées de portes, barres de métro, de bus".
Attention aussi aux sèches-mains publiques qui peuvent souffler de l’air qui a pu être souillé par le germe.
Le système digestif étant déjà fragilisé en hiver, inutile de le fragiliser encore plus avec des aliments qui vont l'affaiblir et le rendre sensible au virus. Pour cela le Dr Godart conseille de "ne pas manger des aliments qui peuvent être touchés, c'est-à-dire qui ne sont pas sous vide et si par exemple vous achetez des fruits et légumes il faut évidemment les rincer avant de les manger". Il est àproscrire une alimentation trop grasse ou trop lourde donc oubliez la raclette qui vous fragilisera plus qu'autre chose. L'alcool est aussi à éviter puisqu'en plus de fragiliser votre système digestif cela déshydrate le corps en supplément et vous rends plus sensible qu'à l'accoutumée pour développer une gastro-entérite.
Le Dr Godart nous explique "qu'il est important de bien s'hydrater toute l'année mais comme la diarrhée déshydrate naturellement, lors d'une épidémie il vaut mieux prendre les devants et boire beaucoup, d'autant plus si on a un début de diarrhée pour qu'elle passe vite". Il est recommandé tout au long de l'année de boire au minimum un litre d'eau par jour afin d'avoir un apport de liquide suffisant. Si vous avez du mal a boire suffisamment, vous pouvez prendre une bouteille d'eau remplie le matin et la garder avec vous tout au long de la journée.
A noter : "La plus importante complication dans les gastro-entérites surtout chez les nourrissons et les personnes âgées est la déshydratation. Il faut contrecarrer les fortes pertes en eau et donc électrolytes par des solutés de réhydratation ou plus simplement un apport en eau" soulève le Dr Saillot.
"Globalement c'est évident que si vous êtes fatigué vous êtes moins résistant aux virus" rappelle le Dr Godart. Donc pour éviter la gastro-entérite, n'oubliez pas que le corps a besoin d'un minimum d'heures de sommeil : 7-8h pour les adultes et 8-9h pour un enfant ou adolescent. Après la gastro-entérite reste "une infection sévère et extrêmement contagieuse donc même avec une bonne hygiène de vie vous n'êtes pas à l'abri" estime le médecin.
Pour "freiner la diarrhée certains aliments tel que le riz, les pâtes et les pommes de terre sont à recommander" souligne le docteur Godart. Il y a également "le coca (rouge) sans bulles (il suffit de mélanger le coca avec une cuillère pour éliminer les bulles) qui est un très bon anti-vomitif" ajoute-t-il. De même "privilégier les aliments qui ne favorisent pas le transit intestinal : viande maigre, jambon et poulet et pas de gaz pour éviter les ballonnements" ajoute le Dr Saillot.
La bonne habitude : Manger plus léger pour renforcer son système digestif, par exemple le soir il est inutile de se faire une grosse assiette, une petite suffit pour l'apport d'énergie. Il peut également être bon de se faire une tisane le soir en rentrant du travail et ainsi se réchauffer en même temps que s'hydrater.
"Indéniablement, il est évident que lorsque vous avez froid vous êtes infectés plus facilement. Il est plus facile de se découvrir lorsqu'il fait chaud que se couvrir quand on a froid. Et surtout votre corps ne se retrouvera pas fragiliser par le froid et aura plus de force pour se défendre face à un éventuel virus" explique le Dr Godart.
En clair : on évite de se découvrir au moindre rayon de soleil car si le soleil nous donne l'illusion de chaleur ce n'est pas toujours le cas et "on voit souvent des patients nous dire que deux jours avant de ressentir les symptômes ils frissonnaient" appuie le spécialiste.
Il n'y a pas grand chose à faire à part leur dire de bien se laver les mains ou leur mettre une solution de gel hydro-alcoolique dans leur cartable et leur rappeler de l'utiliser régulièrement. En règle général les enfants sont très sensibles aux maladies telles que la gastro-entérite puisqu'ils mettent souvent leurs mains sur leur visage sans les avoir lavées ou ils se prêtent leurs jouets qui peuvent avoir été touchés par un enfant en période d'incubation (il est contaminé mais ne ressent pas encore les symptômes).
Pour le Dr Saillot, il n’y a pas d’astuces miracles si ce n'est les même que les adultes : "lavage de mains, séparer les brosses à dents, bien aérer la chambre, mouchoirs à usage unique, nettoyer le réfrigérateur régulièrement, rincer les fruits et légumes, nettoyer les WC, la salle de bain."
Source : Publié par Manon Anger, journaliste santé le Vendredi 15 Décembre 2017 : 17h46
suite...La ministre de la Santé Agnès Buzyn a signé hier un arrêté à effet immédiat rendant tous les médicaments contenant de la codéine, du dextrométhorphane, de l'éthylmorphine ou de la noscapine disponible uniquement sur ordonnance.
Néo-Codion, CodéDrill, Tussipax, Codoliprane, Claradol Codéiné, Humex Toux Sèche dextrométhorphane… L'ensemble des médicaments contenant de la codéine ou d'autres dérivés de l'opium est désormais sur prescription obligatoire. La liste qui circule actuellement via le dossier pharmaceutique, non exhaustive, comprend plus de 80 présentations. Tous ces médicaments sont sur liste 1 (pour les spécialités contenant du dextrométhorphane, de la noscapine, ainsi que les formes autres que le sirop contenant de l'éthylmorphine ou de la codéine) ou sur liste 2 (les sirops à base de codéine ou d'éthylmorphine). Les conditions d’exonération à la réglementation des substances vénéneuses dont ces médicaments bénéficiaient jusqu'alors si la quantité de principe actif était inférieure à 30 mg sont donc supprimées. Aucune des spécialités concernées n'était disponible en accès direct.
Concrètement, le pharmacien ne peut désormais plus délivrer ces spécialités sans ordonnance et il n'est plus autorisé à en proposer la vente sur son site Internet. Des restrictions de délivrance qui devraient satisfaire l'Ordre des pharmaciens.
La décision d'Agnès Buzyn, prise en lien avec la Direction générale de la santé (DGS) et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) fait suite à l'identification de nombreux cas d'abus et d'usage détournés de ces médicaments. Notamment la mode du « Purple Drank », un cocktail à base de codéine, d'antihistaminique et de soda, en constante augmentation chez les adolescents et les jeunes adultes depuis 2015, qui a provoqué deux décès depuis le début de l'année. La Commission des stupéfiants et psychotropes de l'ANSM a rendu, le 29 juin dernier, un avis favorable à la prescription médicale obligatoire pour toutes ces spécialités pharmaceutiques.
Actuellement, l’obligation concerne les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP).
S’y ajouteront ceux contre l’haemophilius influenza B (bactérie provoquant notamment des pneumopathies et des méningites), la coqueluche, l’hépatite B, la rougeole, les oreillons, la rubéole, le méningocoque C (bactérie provoquant des méningites) et le pneumocoque (bactérie provoquant des pneumopathies et des méningites).
En 2018, les tout-petits devront obligatoirement être vaccinés contre onze maladies. Aujourd’hui, l’obligation ne concerne que trois vaccins, les huit autres étant seulement recommandés.
Les enfants de moins de deux ans sont concernés par l’extension de la vaccination obligatoire.
Passer de trois à onze vaccins obligatoires représente 10 injections pour les enfants, étalées sur deux ans. Au moins 70 % des enfants ont déjà ces 10 injections sur deux ans, et 80 % plus d’injections, car ils font déjà les vaccins recommandés.
La ministre prévoit un texte précisant les modalités et le calendrier à la fin de l’année pour une mise en place de l’obligation en 2018.
Les onze vaccins seront pris en charge à 100 % : 65 % par la sécurité sociale, 35 % par les complémentaires santé qui proposent un « contrat responsable ». La ministre réfléchit aux modalités de prise en charge intégrale pour les patients ne disposant pas de mutuelles. L’objectif est que le patient n’ait rien à payer quelle que soit sa situation.
Le coût de l’extension de la vaccination est estimé entre 10 et 20 millions d’euros pour l’Assurance maladie, selon Agnès Buzyn, la ministre de la santé.
Le non-respect de la vaccination est passible de six mois d’emprisonnement et de 3750 euros d’amende. « En France, ces sanctions ne sont quasiment jamais appliquées » , observe la ministre, qui préfère des mesures de pédagogie à des pénalités. Elle travaille à des mesures d’accompagnement pour convaincre les familles de l’utilité de la vaccination. « Les vaccins sont des produits sûrs. Ils peuvent parfois avoir des effets indésirables, mais le risque est bien plus important à ne pas être vacciné. Nous n’avons pas assez expliqué le bien-fondé de la vaccination, d’où la défiance que l’on constate » , plaide Agnès Buzyn.
Un rendez-vous annuel sera organisé pour faire l’état de la vaccination en France. Ce sera l’occasion de voir la progression de la couverture vaccinale mais aussi de revoir éventuellement la liste des vaccins obligatoires.
(sources l'Alsace)
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