1) Quinze ans après l''accident de la centrale Lénine au nord de l''Ukraine, du césium 137, en forte régression, reste présent dans les sols d''Alsace. Faut-il envisager des mesures sanitaires ?
2) Les champignons reflètent la radioactivité du milieu dans lequel ils vivent....
Que reste-t-il de Tchernobyl au 07/07/2001 ?
Quinze ans après l'accident de la centrale Lénine au nord de l'Ukraine, du césium 137, en forte régression, reste présent dans les sols d'Alsace. Faut-il envisager des mesures sanitaires ?
DANS le jeu de yo-yo fragile entre le verre à demi-plein et le verre à demi-vide, entre ceux qui, face à un risque, préconisent des mesures préventives quitte à être excessives, en application du principe de précaution, et ceux qui gardent un calme olympien jusqu'à l'immobilisme, qui gagne ? Face à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril 1986, les pouvoirs publics en France n'ont quasiment rien fait, et ils ont perdu.
Dans un document rendu public le 06 juillet 2001, Adrien Zeller, président du Conseil régional d'Alsace, met en cause, pour mémoire, « l'absence de gestion de la catastrophe en France dans les jours qui ont suivis », et évoque surtout la radioactivité encore présente dans les sols alsaciens et, par transfert, dans les produits de la terre. Certes, par rapport aux cultures (légumes, fruits, etc.), « les niveaux résiduels de césium 137 n'atteignent généralement plus actuellement que quelques becquerels par kilogramme et ne nécessitent pas de mesure particulière », observe la plus récente étude de la Commission de recherche et d'information indépendants sur la radioactivité (Crii-rad). En revanche, des analyses de champignons ont fait apparaître « une contamination en césium 137 supérieure à la limite européenne de 600 becquerels par kilogramme » sur « plus du quart des prélèvements ». Ces investigations, menées dans un secteur qui n'était pas « le plus contaminé », en l'occurrence Kruth dans la haute vallée de la Thur, « conduisent à s'interroger, poursuit l'étude de la Crii-rad, sur l'ampleur de la contamination des champignons alsaciens ». Et donc sur la pertinence « d'éventuelles mesures sanitaires à prendre ». La « sélection des espèces à la cueillette peut être une bonne façon de se protéger », préconise l'étude, les champignons n'ayant pas la même capacité à convertir le césium du sol selon les espèces. Mais si des mesures doivent être prises, ces compétences, souligne Adrien Zeller, « relèvent directement des missions de l'Etat », ce qu'il a entrepris de faire savoir au ministre de la Santé.
Dans dix sites, les niveaux restent supérieurs à 10 000 becquerels par m²
L'Alsace dispose désormais de deux études, ou plutôt d'une première étude et de sa mise à jour, sur l'état de la contamination radioactive des sols après Tchernobyl. L'étude en question, commandée à la Crii-rad explicitement pour pallier les carences de l'Etat, a été menée en 1990 dans 66 communes, 32 dans le Bas-Rhin et 34 dans le Haut-Rhin, dont les sols ont fait l'objet de prélèvements. « Cet état zéro réalisé en Alsace est unique en France », souligne la Commission de recherche et d'information sur la radioactivité, dont les bureaux et le laboratoire se trouvent à Valence (Drôme). Le suivi de la contamination résiduelle a porté huit ans plus tard, en 1998, sur 28 de ces 66 sites (encadré). « D'une part on observe la disparition quasi complète du césium 134 (un isotope radioactif de période physique égale à deux ans). D'autre part la diminution des activités en césium 137 a été d'environ 50 % supérieure à ce que nous attendions », note la Crii-rad. Hypothèse « la plus probable » : un lessivage vers les couches profondes du sol et de la nappe phréatique. Toutefois, dix sites gardent des valeurs en césium 137 supérieures à 10 000 becquerels par m². Il s'agit de Diebolsheim (20 000 Bq/m²), Le Bonhomme (20 000), Aubure (14 000), Durmenach (11 600), Kruth (11 600), Diemeringen (11 000), Preuschdorf (13 000), Saales (14 000), Sainte-Marie-aux-Mines (12 400) et Strasbourg (10 300). « Des niveaux équivalents à ceux des autres régions les plus contaminées du quart Est de la France, comme le Jura, les Alpes et la Corse », souligne la Crii-rad.
Des mesures ont été faites dans 66 communes d'Alsace en 1990 et à nouveau dans 28 d'entre elles en 1998 (ici à Breitenbach). « Les Alsaciens n'ont pas à s'inquiéter, mais il faut rester vigilant », estime Adrien Zeller.