L'adolescent et les drogues dites "inoffensives"


Les drogues "légales" alcool, tabac et anxiolytiques Cannabis: faussement inoffensif...
Ecstasy: dangereuse amnésie

Dialoguer sans banaliser... ni infantiliser


Les jeunes consomment de plus en plus de drogues prétendument "inoffensives" - licites (alcool, tabac) ou illicites (ecstasy, cannabis) - dont on connaît pourtant bien les effets néfastes sur la santé.Vigilance, information et ouverture d'esprit devraient permettre d'inverser cette tendance. A 17 ans, 1 adolescent sur 2 a déjà expérimenté alcool, tabac  ou cannabis. Près de 1 sur 5 déclare avoir fumé du cannabis au moins dix fois dans l'année. Un jeune de 15 à 19 ans sur 3 avoue avoir été ivre au moins une fois. Enfin, 7 % des garçons de 19 ans auraient déjà essayé )'ecstasy. Le constat est alarmant !


Les drogues "légales" alcool, tabac et anxiolytiques
Tout le monde le sait, tout le monde le dit: le tabac tue... mais de façon insidieuse, au bout de plusieurs années. D'où la difficulté de faire réaliser aux jeunes gens ses dangers à si long terme. L'alcool aussi est un assassin: 30 % des conducteurs responsables d'accidents mortels ont une alcoolémie positive; près de 2 % des conducteurs circulent en état d'ivresse, et les principales victimes sont des jeunes. L'abstinence est le seul garant d'une conduite sans risque: le fameux slogan "boire ou conduire..." est loin d'être une gageure! Sans compter les risques à long terme pour la santé: cirrhose et cancer du foie, troubles psychiques... Tabac et alcool sont de vraies drogues, associant des effets néfastes sur la santé à plus ou moins long terme et une dépendance, physique et psychologique, reconnue. Malheureusement, la légalité de leur production (source de revenus considérables), leurs pseudo-connotations culturelles (convivialité, indépendance, rébellion, image de virilité, machisme...), des effets sur la santé à long terme et le fait que les parents fument ou boivent aussi de l'alcool expliquent que leur consommation soit en constante augmentation chez les jeunes. Enfin, les anxiolytiques (parfois prescrits pour les parents ou chez le jeune pour "le détendre" avant un examen) ne sont pas des bonbons; recherchés pour leur effet relaxant et désinhibant, ils provoquent somnolence, perte de mémoire et diminution des réflexes. Leur association à l'alcool est d'une dangerosité extrême: accidents de la route, mais aussi intoxications sévères et risque d'incidents cardio-respiratoires.


Cannabis: faussement inoffensif...
La "bonne" réputation du cannabis découle de deux phénomènes: sa renommée gentiment soixante-hui­tarde et la légalisation de sa vente dans des pays voisins. Tout cela crée la confusion et incite les jeunes à recher­cher ses effets apaisants, euphoriques et relaxants, d'où sa fréquente consom­mation. En France, 50 % des jeunes adultes déclarent avoir consommé du cannabis au moins une fois; 18 % des garçons et 7 % des filles de moins de 17 ans en consomment régulièrement; enfin, 350000 Français en consomment tous les jours. Et tous sont convaincus des bienfaits de cette drogue dite "douce". Malheureusement, la réalité n'est pas si rose. Le cannabis provoque une somnolence et un ralentissement des réflexes, notamment au volant: selon certaines enquêtes, il serait impli­qué dans 25 % des accidents de la route. Son principe actif est détecté chez 15 % des conducteurs de moins de 27 ans vic­times d'accident de la circulation. Or ces accidents sont la première cause de mortalité des adolescents. Consommé régulièrement, il entraîne une dépendance mais aussi un affaiblissement des capacités cérébrales, avec notamment une baisse de la rapidité du raisonnement, des difficultés de concentration, des troubles de la mémoire... Il est aussi responsable de toxicité foetale chez la femme enceinte et d'at­teinte pulmonaire liée à son association au tabac. Enfin, comme toutes les drogues, chez certaines personnalités prédispo­sées, le cannabis favorise l'apparition de troubles mentaux sous-jacents jusque-là jugulés par une vie régulière et protégée, en particulier de la schizophrénie. La dépen­dance au cannabis serait essentiellement psychologique.


Ecstasy: dangereuse amnésie
Son apparition et sa diffusion massive sont liées à l'émergence du mouvement musical techno et à la multiplication des rave parties. Les consommateurs recherchent énergie, performance et levée de toutes les inhibitions... et sont persuadés qu'ils ne courent aucun risque. En réalité, la prise d'ecstasy est dangereuse, parfois mortelle (56 décès par ecstasy au Royaume-Uni en 2001), surtout si le consommateur est dans une ambiance surchauffée et "s'éclate" en dansant (comme dans les rave-parties). Les effets peuvent perdurer plu­sieurs jours, avec des trous de mémoire et des crises d'anxiété ou de dépression extrêmes, nécessitant parfois une aide médicale. Enfin, et surtout, levée d'in­hibition et amnésie sont la porte ouverte à des exactions dont les jeunes sont les premières victimes et les res­ponsables rarement retrouvés...


Dialoguer sans banaliser... ni infantiliser
Et, tout d'abord, surmonter ses propres peurs et ses tabous. Il est essentiel d'in­former, d'expliquer, de favoriser le dia­logue avec des jeunes exposés à un dan­ger d'autant plus réel qu'il est lié à des notions de fête, de convivialité et de liberté, bien difficiles à remplacer par celles de danger, de dépendance et de toxicomanie. La liberté d'esprit et de mouvement ne doit pas être confondue avec l'usage de drogues "banalisées" qui ont toutes, sans exception, un lourd potentiel de dange­rosité. Et pour les drogues les plus consommées (alcool, tabac et cannabis),ce message est très difficile à faire passer à un adolescent. Les parents ne savent pas toujours com­ment réagir quand ils découvrent que leur enfant fume du cannabis ou boit de l'alcool: certains banalisent, d'autres punis­sent et "bra­quent" l'adoles­cent, d'où un risque d'escalade dans la consom­mation (quantité ou types de pro­duits) et ce, par pure provoca­tion. Dans un premier temps, la solution réside parfois dans un compromis; l'usage occasionnel de l'alcool et du cannabis peut être toléré à condition que le jeune ne mette personne en danger, qu'il s'agisse de lui-même ou de ses amis et notamment qu'il évite de conduire*. Un autre appel doit être lancé en direction de cette population jeune: éviter les mélanges, notamment cannabis-alcool ou alcool-anxiolytiques, cocktails redoutables pour leurs effets secondaires. L'adolescent veut souvent être traité en adulte. À lui de vous prouver qu'il sait aussi se montrer responsable, capable d'adopter un comportement autonome. À l'âge où les jeunes sortent ";en bandes", peut-être faut-il d'abord et avant tout exiger que le conducteur reste sobre, ou proposer de les véhiculer - le danger immédiat étant de trouver ou de provo­quer la mort dans un accident de la route. Une fois instaurée cette relation de confiance, un "travail de fond" peut s'amorcer progressivement - parfois avec l'aide du médecin traitant, l'objectif final étant l'arrêt de ces consommations.


Dr Grégory Lepetit Bien être et Sante 210
*Les dernières dispositions en matière de permis de conduire probatoire pour tout nouveau conducteur - avec un "sans faute" durant 3 ans pour voir son per­mis confirmé - pourraient contribuer à améliorer la prise de conscience des risques chez les jeunes adultes.


POUR EN SAVOIR PLUS
*Drogues Alcool Tabac Info Service, un numéro vert 24 heures sur 24: 113
*site Internet du gouvernement www.drogues.gouv.fr
*site Internet de l'Observatoire français des drogues www.ofdt.fr


Chez certaines personnalités prédisposées, le cannabis favorise l'apparition de troubles mentaux sous-jacents (....), en particulier de la schizophrénie